L’Héritage des Jeux Paralympiques : un changement de regard et d’inspiration pour demain
Les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques que nous avons vécus cet été en France ont été un formidable moment de communion humaine, sociale, nationale et internationale.
La devise des JO, « plus vite, plus fort, plus haut », n’est pas teintée d’élitisme, car ces compétitions reposent sur une extraordinaire préparation volontariste des athlètes, un engagement intense de nombreuses années, continu, rigoureux, exclusif. Quel que soit leur résultat, ces sportifs soulèvent donc à juste titre l’admiration et le respect de toutes et tous.
Bien que dissociés temporellement des JO -ce que l’on peut certes comprendre pour des raisons logistiques, mais aussi regretter-, les indispensables Jeux Paralympiques, avec leurs très imaginatifs règlements et modalités particuliers visant l’égalisation des chances entre des compétiteurs aux moyens différents, non seulement mettent en valeur le sport et ses vertus bienfaisantes ou reconstructrices, mais ont eu en plus dans notre pays une dimension formidable d’inclusion, de fraternisation globale, d’ouverture et changement des regards, de « désacralisation » des handicaps, de naturelle acceptation de la différence, de considération passionnée des personnes « capables autrement ». Ce que nous avons vécu tous ensemble pendant cette quinzaine a généré une avancée humaine et sociétale majeure, et sans doute durable à travers les jeunes générations. Quelle joie ! On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi cette égalisation des chances que le monde du sport sait si bien réaliser ne perce pas aussi bien tous les domaines de la vie sociale ordinaire. Parions (et espérons !) qu’il y aura au sein de la vie de la population française un avant et un après ces Jeux Paralympiques de Paris 2024. Bravo !
Si le handicap devient ainsi plus familier, moins « extraordinaire », plus proche, n’oublions pas que le monde du handicap est encore plus riche et plus divers que ce que les Jeux Paralympiques nous permettent d’entrevoir. Espérons que ce mouvement de fraternisation sociale générale ainsi généré englobera aussi naturellement celles et ceux qui n’apparaissent pas dans ces compétitions, les personnes les plus empêchées par leurs conditions physiologiques très marquées, des personnes vivant par exemple avec un handicap mental ou psychique sévère, ou porteuses d’un trouble du neurodéveloppement, des personnes polyhandicapées de naissance, ou des personnes devenues très lourdement handicapées du fait d’un événement de vie ou d’une maladie évolutive très invalidante. Ne laissons personne dans l’ombre, ou sur le côté. Chacun doit pouvoir se réaliser, d’une façon ou d’une autre. C’est ce qui fait la valeur d’une société.
« L’essentiel n’est pas de gagner mais de participer » disait Pierre de Coubertin ; une conception imaginative encore davantage ouverte des Jeux olympiques et paralympiques, le développement dans la vie ordinaire de l’accès généralisé et facile à une pratique sportive adaptée, un éclairage médiatique soucieux d’être le plus exhaustif possible sur le monde du handicap et le transfert de ces changements de regard et de cette cohésion sociale dans tous les autres domaines de la vie contribueraient à servir plus avant les objectifs -élémentaires- de la loi du 11 février 2005 : l’égalité des droits et des chances, la participation et la pleine citoyenneté de toutes les personnes qui vivent avec un handicap.
Bruno Pollez
Président de LADAPT